Mme Beverley Jacobs (présidente de l'Association des femmes
autochtones du Canada) :
●(1625)
[Mme Jacobs s'exprime en mohawk.]
Je viens de vous souhaiter la paix en mohawk. Je suis une
Mohawk de la Confédération de Haudenosaunis, et je fais partie du
Clan de l'ours. Mon nom véritable, Gowehgyuseh, signifie « elle est
de passage ».
Je suis ici pour représenter l'Association des femmes autochtones
du Canada, et les femmes de cette association ont une déclaration à
faire à propos du respect des femmes autochtones dans ce pays.
Avant la mise en place du système de pensionnats indiens et la
colonisation, les femmes de nos communautés étaient très
respectées. On nous honorait parce que nous avions pour rôle de
donner la vie et de prendre soin de l'esprit à qui nous permettions de
s'incarner. Nous avions la responsabilité de veiller sur nos enfants et
d'ainsi permettre à l'esprit de s'épanouir dans la vie matérielle.
Les pensionnats indiens ont vraiment eu des répercussions
négatives sur le respect des femmes. Il y avait des cérémonies pour
les jeunes hommes et femmes. Les pensionnats indiens les ont fait
disparaître pendant des générations. Nous avons encore notre langue,
nos cérémonies et nos aînés. Nous devons revitaliser ces cérémonies
et regagner le respect de la population canadienne, ainsi que celui de
notre propre peuple.
Je tiens à dire que je viens ici pour laisser parler mon coeur parce
qu'il y a deux générations, ma grand-mère, qui était une Mohawk, a
été battue et agressée sexuellement et physiquement parce qu'elle
était Mohawk. Elle n'a pas passé les traditions à ma mère, ni à ses
frères et soeurs, et notre système matriarcal en a été directement
touché. Heureusement, j'ai été élevée dans une collectivité où toutes
nos mères ont revitalisé ce système.
Je tiens à dire qu'en tant que mères, nous offrons le même
enseignement aux jeunes garçons et aux jeunes filles, aux hommes et
aux femmes. C'est ce que je suis venue dire aujourd'hui. Bien que
notre association soit connue sous le nom de l'Association des
femmes autochtones, nous avons la responsabilité de représenter à la
fois les hommes et les femmes. Nous ne nous penchons pas
uniquement sur les problèmes des femmes. Nous voyons à assurer
un avenir fort à nos nations. C'est ce que je suis venue dire
aujourd'hui.
Nous vous avons remercié de nous avoir présenté des excuses. Je
dois aussi vous féliciter de vous être tenus debout. Je n'avais jamais
vu un gouvernement présenter des excuses avant aujourd'hui et je
vous en remercie. En retour, l'Association des femmes autochtones
demande le respect.
●(1630)
J'ai seulement un dernier mot à ajouter. Je remercie les chefs du
Parti libéral, du Bloc québécois et du NPD également pour les
paroles qu'ils ont prononcées parce qu'il faut aujourd'hui que nous
prenions nos responsabilités et que nous prenions des décisions en
pensant aux conséquences qu'elles auront dans sept générations d'ici.
Mes ancêtres ont fait la même chose il y a sept générations. Ils
vous ont beaucoup combattus parce qu'ils voyaient ce qui était en
train de se dessiner. Ils savaient ce que l'avenir leur réservait, ce qui
ne nous a pas empêchés de subir le poids énorme de la colonisation.
Nous en subissons les séquelles aujourd'hui.
Ce sont les femmes qui en ont le plus souffert.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'être ici présente
pour parler de ces réalités et de ce que nous vivons aujourd'hui.
Que fera le gouvernement actuel pour aider nos peuples? Des
violations majeures des droits de la personne ont été commises
pendant de nombreuses générations. Je veux pouvoir transmettre ma
langue, ma culture et ma spiritualité à mes enfants et mes petitsenfants.
Je veux que leurs enfants à eux aussi en héritent, et ainsi de
suite.
Quelles mesures concrètes vont être mises en oeuvre? Voilà ma
question. Je sais que c'est une question que nous nous posons tous.
Nous aimerions continuer d'oeuvrer en partenariat à y trouver une
réponse.